Espérer c’est choisir. Choisir sa propre voie, l’espoir de réaliser ses rêves. Dans la prison dorée du milliardaire, l’espoir s’égrène au son des pièces qui cliquètent en se frottant les unes contre les autres. C’est son compte bancaire dont il ne connaît même pas la profondeur. Son espoir c’est de ne pas perdre son argent et il s’accroche à lui comme la misère s’accroche au monde. Pas de douceur dans sa vie. Uniquement la peur de perdre ce qu’il a gagné sans rien faire, ce qu’il a multiplié sur le dos des travailleurs de l’ombre comme une tique sur la peau d’un chien. Il enfle, gonfle, grossit, plein de sang, celui des autres qu’il ne connaît pas et dont il se moque éperdument.
Pas de maux pour lui, seulement la maladie qui peut l’emporter sans espoir de guérison.
L’espoir du pauvre, de l’affamé, du rien du tout de la société, est tellement grand qu’il pourrait contenir dans un seul homme tous les espoirs de milliardaires du monde. Son espoir, c’est un grand sac sans fond, un sac à l’envers, vide de choses, et plein d’envies. C’est le printemps arabe et les espoirs déçus, c’est le printemps qui ne verra jamais l’hirondelle tombée pendant la traversée de la Méditerranée. Le printemps meurt sous la glace qui fond des pôles, il s’écaille dans les poissons des fonds marins assassinés, il rouille dans les machines infernales barrant l’horizon. Mais l’horizon s’étire, grandit, immense, rouge sang au soleil couchant. Il faut y croire. Y croire si fort que les murs des prisons tomberont comme des châteaux de cartes.
L’espoir de l’écrivain c’est de donner un grand coup de pied et de plume dans ces murs dressés telles des forteresses de l’interdiction du dire, du lire, de la liberté expression.
Il doit y croire, c’est son honneur d’humain qui est en jeu, y croire quitte à en mourir.
Bernadette B.D