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Clair de Plume 34 association vicoise des Ecrivains colporteurs

EDITION ASSOCIATIVE. nos écrivains, leurs passions et nos actions : expositions, ateliers d'écriture, rencontres littéraires, patrimoine, histoire, écologie

Une semaine, un livre à l'honneur Ma muse en vadrouille de Joseph Teyssier

Publié le 5 Janvier 2018 par CLAIR DE PLUME

 

Joseph Teyssier, poète du terroir nous fait voyager dans son Ardèche natale. Des mots plein d'odeurs d'herbe verte, de souvenirs de terre mouillée. Le bruit de la rivière nous parvient entre les lignes. Joseph n'est pas un causeur.  Ses mots parlent pour lui. Parfois moqueur, souvent tendre, libertin timide, il nous entraîne à l'écart des chemins de grande randonnée. Pour mieux se rapprocher du cœur humain  ce poète au grand cœur n'hésite pas à dévoiler les facettes multiples et déroutantes de son moi.  il parle de liberté, de félons, d'amours rustiques, de Jean Ferrat, de nombre d'or. Il exulte sa muse. Le flot de ses mots se jette dans un grand fleuve que la mer engloutit. Son bateau ivre pour une mort certaine. La guerre le hante (L'Aller).

Un grand poète

Je vous laisse le découvrir 

 

Sur la plage rouge.

 

Poésie de partout ?

Poésie de nulle part,

alors sous un lampadaire

le rouge sur sa table

et la cibiche aux lèvres,

une rose défaillante,

                        je pers mes mots.

 

Aimer l'écureuil, roux comme un panache

qui, dans le belvédère

dandine comme un bon diable,

comme une image fleurie au printemps

il flaire la tulipe, à l'été c'est le bleuet

surtout quand le blé est coupé,

à l'automne j'enflamme ma campagne.

 

Mes vers, ce sont les fleurs des champs,

les amis de mon nain du jardin,

            je ne sais plus,

de chrysanthèmes à la Toussaint.

Pourquoi toussez-vous?

            Ah oui ;

vous attendez les étoiles ensanglantées de Noël.

 

Moi, sur la plage rouge, à Moscou,

à Cannes ou ailleurs,

                        j'attends,

la Méduse, la nymphe ou ma Muse

ma Poésie,.... partout;

                        de nulle part.

 

 

Le miel de la bêtise.

 

Quoi de plus naturel qu’une belle cerise

Qui s’endimanche, à nu, sur un grisant gâteau,

Alors que mon espoir comble ma convoitise.

 

Regarde par le trou, ce merveilleux cadeau,

Et depuis ma serrure une énorme bêtise,

Du lit ou de Cambrai, je tire le rideau.

 

De ma chambre envoûtée, admirer la promise,

Qui pour moi se dévêt, je pare mon bonheur

En lovant sa couette, il faut que je séduise.

 

Ma belle, voulez-vous pour un simple penseur

Devant un tel festin, pour Rodin j’éternise

D’une idylle avec vous, ce bonbon flagorneur.

 

Ô non ! Dans mon esprit, point je ne fanatise

L’appétissant désir, quand votre tourtereau

Mitonne habilement sa fraîche friandise.

 

De strip-tease à l’étal ou devant le fourneau,

En chemise de chambre, accouplant une bise, 

Dans des draps libertins, elle chérit l’agneau.

 

Revenons au nectar, ce miel de ma soumise,

Quand au cœur de la ruche, où s’agite en émoi,

Les abeilles pour l’amour d’une fragrance exquise,

 

N‘est-ce pas le raisin d’un flirt de bon aloi?

 

 L'aller.

 

 

              Bateau ivre            

             Dans la mer noire                           

             noire comme l'encre,               

             encre de l'enfer,

             l'oubli et le désert;                         

             mer rouge,

             comme le sang,   

            le sang et la mort.

 

            Vogue mon bateau;

            sans voile de secours,

            qui fend les vagues de la haine,

            les flots pyramidaux

            comme l'Afrique.

            Afrique blanche, jaune ou noire,

            peu m'importe.

            Au bout de la houle,

            un fusil m'attendra,

            le bazooka grondera

            son feu, le canon crachera 

            son boulet du désespoir

            embrasement de la honte !

            L'écume déferle dans ma tête,

            la marée enivre ma folie,

            le lit du courant clapote,

            les abysses bouillonnent

            et la lame tranchera,

                dans ma chair,....  à canon.

 

Brisons les chaînes.  

 

Délirante joie, en nos berceaux de chênes

Et quand coule l'eau dans nos claires fontaines

Pour un élixir, alors brisons les chaînes,

Ainsi j'ouvre la liberté.

 

Je clame fort avec la complicité

D'un excentrique héros, sa calamité

Contre la censure envers l'égalité

Sur une route clandestine.

 

Est-il humain d'élever la guillotine

Sur la place publique qu'on assassine

Le droit souverain dans l'artère sanguine,

Alors je vide les prisons !

 

Souvent les déments subissent sans raisons

Les avatars de félons et leurs poisons,

Sous nos pauvres cieux, leurs pires évasions,

Je turbine mon casse-pipe.

 

Attente fébrile avec un grand principe,

J'excite la planète, ameutant la grippe

Dans ce vert paradis, protégeant ma tulipe,

Pour l'avenir je m'émancipe.

 

Serait-ce un délire, à voir les sansonnets

Qui brisent la chaîne au détour des bosquets,

Elle prive en leurs vols les espoirs des reflets,

Je clame la trêve magique

 

Et comme par hasard, d'un front fantastique,

L'épée est de la fête, et de cette musique

Se durcit dans ma main un amour rustique, 

Je borde mon ode saphique. 

 

                                   Ode saphique.

           

Les couleurs de la draille.

 

 

Dans ma garrigue, en fleurs, j'écrase la caillasse.

Elle hurle sous mes pas et le thym m'attendrit,

De son ardent regard il séduit mon esprit. 

Je peins sur mon tableau le rêve d'un espace.

 

Quand je vois la cigale, engourdie au matin,

Les fourbes traquenards, à la bonne aventure,

Tourmentent les couleurs d'une verte ouverture,

Alors je peins de jaune, au bout de mon chemin.

 

Les pierres, au soleil, rougissent dans la joie,

Irisent d'un chiné ce doucereux lézard

Qui se dore la peau dans ce foutu bazar.

Dans les bois je fleuris le pétale de soie.

 

Et l'arc-en-ciel se noie, autre bleu, dans la mer,

Ses reflets d'indigo s'empourprent dans l'espace

Jaunissent mon plaisir et quand le soleil passe

Le peintre signe, ici, son verbe d'outre-mer.

 

Allez sur sa page découvrir  aussi :

"Coucher de soleil sur la mer" et  "Les cigales, la Gardiole" 

 

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