atelier d'écriture du 11 mars 2019 : le tenrec de Corinne

A partir de photos d'animaux insolites, en adopter un.

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Le soleil brille. Le vent d'antan chasse les nuages et pourtant j'ai froid. Je regarde mes poissons rouges qui paraissent jouer dans l'aquarium beaucoup trop grand pour eux. Je ressens une immense fatigue, je préfère dire fatigue, ce mot me convient, pourtant j'aurais dû dire solitude. J'essaie de m'endormir. Impossible ! Les bruits de la rue dispersent, durant un court moment, mes pensées de détresse. Je souhaite une présence. Humaine ? Non ! Je ne peux partager mon temps vide de sens. Je suis trop lourde d'avoir fait le vide. Pour moi aussi l'appartement est trop grand, il me suffirait d'un bureau. Une volonté issue d'un désaccord avec moi-même m'a projetée dans la rue.  Je roule ne sachant vraiment où aller, ma voiture doit avoir une âme, elle me guide. Je longe la mer. J'aperçois des flamants roses. Je les envie de vivre en communauté. Si j'en volais un je ne saurais le rendre heureux. Quelle image ! Un flamant rose sur mon balcon. Je me retrouve devant la SPA., que de voitures en stationnement. Est-ce que les visiteurs sont comme moi, remplis de tristesse et de solitude ? Je pousse la porte, un charmant sourire m'accueille. Je me sens mieux, un peu plus détendue, ma volonté d'acheter un petit chat, disons un vieux chat qui aurait roulé sa bosse et serait comme moi en quête de câlins, de bien-être, de présence se précise.

Pas de chiens, ni de chats aujourd'hui me confie le charmant sourire, mais nous avons un glaucus, un saïga très doux, un tenrec zébré et ........

Devant mon air hébété, la bouche se ferme. Je la fixe dans un grand silence. Je suis soigneuse précise-t-elle enfin, venez je vous accompagne.
Devant les cages, après avoir reculé d'un pas je commence à admirer les couleurs, les formes. J'imagine un désert brûlant au soleil avec ces animaux étranges cachés sous le sable. C'est une tortue à long cou indique l’écriteau. J'admire cette petite tête qui ballotte. Elle a beaucoup besoin d'eau m'indique la soigneuse. Bien qu'elle soit petite et d'un vert lumineux, je ne l'imagine pas un instant dans mon aquarium, encore moins dans l'appartement, si elle se cache, comment la retrouver ? Je fais un signe de la tête,  cette tortue ne m'attire pas. Qui se cache sous ce rose presque  transparent ? Un tatou nain me regarde. Ses paupières clignotent. Je reste de marbre. Un peu plus loin, assis sur une grande branche, j'aperçois une touffe de poils toute recroquevillée. Cette position repliée me fait penser à la peur. On dirait que cette boule dorée tremble. La soigneuse l'appelle -"Zoumi, Zoumi retourne-toi". Elle échange un regard avec moi, comme pour me convaincre d'un moment d'échange intense. S'il se retourne me précise-t-elle vous avez gagné, elle cherche à me convaincre que je viens de croiser le destin de mon nouveau compagnon. Lentement Zoumi s'assoit sur son derrière et me regarde. Ses deux petites pattes se joignent comme pour me supplier. La vie derrière les barreaux ne doit pas être facile. Je le dévisage. Son museau aplati semble me sourire, il ne bouge plus, ne tremble plus. Je suis détendue, j'ai envie de le caresser, de le cajoler, de le protéger. Zoumi me plaît déjà. Je l'imagine sur mon épaule. Je vais apprendre à l'aimer et peut-être m'aidera-t-il à m'aimer aussi.