Par Véronique Lecigne
Attenant à l'église Saint-Geniès, c'est le fameux Studium du pape Urbain V, dit le Bienheureux.
Urbain V, sixième pape en Avignon, préoccupé des intérêts spirituels, se montre très généreux pour financer de nombreux travaux.
Il profite de sa position pour favoriser l'enseignement par la fondation de plusieurs « studia », sortes de maison d'études supérieures destinées à préparer les jeunes gens aux universités notamment à Trets, Manosque, Saint-Germain-de-Calberte, Saint-Roman-de-Codières, etc.
Il œuvre à la création de plusieurs collèges universitaires (Orange, Cracovie en 1364, Vienne en 1365), d'une école de musique à Toulouse. Mais c’est surtout l'université de Montpellier, fortement ébranlée par les pestes et le passage des routiers, qui bénéficie de sa mansuétude. C’est alors la création du collège Saint-Germain, future faculté de médecine.
« Je souhaite que les hommes instruits abondent dans l'Église de Dieu. Tous ceux que je fais élever et que je soutiens ne seront pas ecclésiastiques, j'en conviens. Beaucoup se feront religieux ou séculiers, les autres resteront dans le monde et deviendront pères de famille. Eh bien ! Quel que soit l'état qu'ils embrasseront, dussent-ils même exercer des professions à travaux manuels, il leur sera toujours utile d'avoir étudié. »
Le collège pontifical de Gigean est construit vers 1364/65, période de répit succédant aux premiers désastres de la guerre de cent ans. Ce studium est une sorte d'université rurale, une annexe en quelque sorte, qui doit servir de vivier à l’université de Montpellier. Des maitres dispensent l'enseignement le plus varié à tous ceux qui veulent le recevoir... A condition, néanmoins, d’appartenir au minimum à la bourgeoisie !
A Gigean, selon le Père Michel Bertès, ils ne durent pas être très nombreux. Peut-être une dizaine, guère davantage.
Nous sommes au début du XVIème siècle, période relativement faste pour la France en général, et le Languedoc en particulier (avant les destructions, malheurs et autres cataclysmes causées par la Réforme, dès 1560). Le nouvel Évêque de Maguelonne, Guillaume Pellicier, dit le Jeune, nommé par le Roi en 1526, conformément au récent Concordat, sait persuader le pape Clément VII de transférer l’évêché de Maguelone à Montpellier. C’est la fin de Maguelone dont l’îlot va devenir désert et dont l’église sera détruite par les Réformés en 1562.
Le Studium d’Urbain V devient alors l’Évescat, bien qu'il n'y ait jamais eu d'évêque à Gigean…
Alors, pourquoi ce nom ? Certainement parce que l’ancien collège devient à cette époque la résidence du Bailli, dignitaire local gouvernant le village au nom de l’Évêque.