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Clair de Plume 34 association vicoise des Ecrivains colporteurs

EDITION ASSOCIATIVE. nos écrivains, leurs passions et nos actions : expositions, ateliers d'écriture, rencontres littéraires, patrimoine, histoire, écologie

Premier prix du concours "Rêve d'Italie"

Publié le 6 Octobre 2014 par CLAIR DE PLUME

Premier prix du concours

Invitation à Venise de Françoise Montbarbon
Le tableau a été offert par le peintre Michel Lemaire

INVITATION A VENISE

Le charme mystérieux de la cité envoûte le visiteur qui aime à découvrir ses secrets, mais Venise, la sérénissime, mystérieuse et secrète, ne se livre jamais.

La magie du carnaval crée des rencontres fortuites au hasard des rues.

Lors d'une balade entre le pont du Rialto et la place San Marco, je me prends au jeu et me mêle à la foule costumée qui déambule par les rues étroites.

Regards mystérieux derrière ces étranges masques.

Passage inattendu de l'ombre à la lumière, je rêve de me perdre dans ce dédale de rues aux couleurs de sang délavé, ou d'ocre jaune vibrant aux délicates nuances.

Je pars à la découverte de ses trésors cachés au milieu de charmantes places, de ponts et de rues étroites.

Enchevêtrement fou de canaux et de rues qui tournent sur eux-mêmes.

Venise ténébreuse, cité lagunaire, sublime labyrinthe au cœur duquel on aime à s'égarer, brumeuse et froide, à peine endormie, le brouillard sur la lagune t'enveloppe peu à peu.

Minuit sonne à la basilique San Marco. Dans la baie de Venise résonne l'ambiance du carnaval.

Parés de leur magnifique costume, les habitants, tels une marée humaine haute en couleur, rient et courent à travers les ruelles. Elles s'emplissent des échos de leur chants, de leurs éclats de rire, s'animent de ces danses qui font scintiller la nuit de mille couleurs.

Pourtant, subtilement mêlée à cette festive assemblée, s'y trouve un étrange personnage, véritable maître de l'illusion, capable de se fondre dans cette foule jusqu'à y disparaître, il se faufile mystérieusement dans la nuit.

Liberté et anonymat garantis par le masque, qui permet de voir sans être vu, et facilite les intrigues.

Le défilé des carnavaliers déambule sur la place San Marco, déployant leurs atours tels des banderoles.

Vaste fumisterie esthétisante, tout n'est qu'apparence dans la ville du carnaval.

Envahi par la foule des fêtards, le café Florian brille de tous ses fastes. Le mystérieux personnage se glisse furtivement dans la salle orientale, où se sont dispersés les costumés de la bruyante assemblée.

Attiré par son étrange allure, je me glisse à mon tour dans cette belle salle, dont les murs célèbres rendent hommage à la femme.

Etonnantes silhouettes que celle de ces gens d'une autre époque, bavardant aisément dans leurs riches parures.

Je m'éclipse discrètement, et décide de le suivre.

Ce singulier personnage costumé en chevalier, tout de noir vêtu, dissimulant une dague en or sous sa cape, portant masque noir sur son visage, nous laisserait penser qu'il se sauve à la hâte d'accomplir une mission secrète.

Je le suis furtivement, craignant d'être surpris, mais curieux de connaître le dessein de ce mystérieux inconnu.

Il traverse des rues sombres à souhait, des ponts éclairés à la seule lumière de la lune brumeuse.

Venise changeante et mystérieuse, déconcertante, voire oppressante, s'impose à moi, et je ne peux m'y soustraire. Je suis pris dans une sorte de transe, de savoir, de découvrir la quête du chevalier noir, et me lance tous azimuts sur ses talons.

Celui-ci se faufile à travers les rues, tel un félin à la recherche de sa proie.

Imagination trop fertile! Me dis-je, et pourtant, tout à coup, surgit d'on ne sait où, un personnage terrifiant, vêtu d'un long manteau noir, coiffé d'un masque de mort.

Je ne peux m'empêcher de pousser un cri de frayeur.

Ils vont me découvrir!

Que nenni! Aucun des deux ne réagit, me voilà rassuré.

Quand soudain, le masque de mort sort de sous son manteau, un tout petit paquet remuant tel un nouveau-né.

Mauvais présage me dis-je, me voilà avec deux malfaisants qui ont certainement ma foi, très mauvaise intention.

Le chevalier s'empare rapidement de l'enfant présumé, et suivi du masque de mort, se dirige précipitamment, vers une porte cochère au fond d'une rue noire.

Trois coups il va donner, tel un signal d'entrée.

La porte s'ouvre, derrière laquelle se dissimule un personnage encagoulé sous une grande toque noire, surplombant une longue robe sombre.

L'endroit paraît sinistre, suivi du masque de mort, le chevalier s'empresse d'y entrer, et je me surprends à m'y glisser subrepticement avant que l'inquiétant personnage ne referme la porte aussitôt derrière moi.

Ils se dirigent vers une grande salle circulaire dans laquelle les attend une bien funeste assemblée.

Ils forment à eux tous, une sorte de cercle au milieu duquel se trouve un autel.

Vêtus de noir, ces inquiétants personnages semblent attendre calmement la célébration.

Terrifié, prostré par la peur du drame qui s'annonce, je suis pris de tremblements, envahi de sueurs froides.

Me voilà, tel un animal pris au piège.

Je me trouve faire partie d'une cérémonie, d'un rite religieux impliquant le sacrifice humain.

Au moyen âge, poudres et arsenic de tout genre, tueries barbares tenaient office dans ce type de lieu.

Le sacrifice était un don fait aux dieux ou aux esprits, une offrande, particulièrement, le sacrifice des enfants, êtres innocents par excellence.

L'élu de ce rite, un nouveau-né portant la marque divine, sous forme d'une couleur ou d'un défaut rare et spécifique.

Ce sacrifice était considéré comme un échange, une alliance entre les hommes qui le pratiquaient et les puissances divines qui le recevaient.

C'était un partage, une part était offerte aux dieux puissants, et le reste était partagé entre les officiants.

Pratique sauvage perpétuée par ces hommes d'aujourd'hui, c'est donc le sang de ce nouveau-né qui va être bu par les membres de cette communauté secrète.

Le chevalier noir, suivi du masque de mort, découvrent l'enfant et le déposent sur l'autel.

Celui-ci, saisi par le froid se met à pleurer.

Aucun signe d'émoi dans l'assemblée.

Le chevalier dégaine sa dague en or, la dirige sur le cou du nouveau-né.

Dans un élan de bravoure insoupçonnée, je me jette sur lui en hurlant "Arrêtez chevalier! Je vous l'interdis!"

Aussitôt, le masque de mort aidé de l'un des officiants m'empoignent fermement, laissant le champ libre au chevalier.

Ce dernier, pressé d'en finir, enfonce brutalement sa dague en or dans la gorge de l'enfant dont le sang jaillissant est précieusement recueilli.

Anéanti je suis, face au terrible crime de ce pauvre enfant, lequel, pour son malheur, se trouvait affublé d'une chevelure rousse.

Douleur poignante devant son petit corps sans vie, gisant dans une mare de sang.

Son méfait accompli, le chevalier noir s'avance vers moi, bien décidé à me tuer, témoin gênant de cette sauvage barbarie, ne saurait survivre.

Dans son ultime geste, me retire mon masque, violente panique que celle de mon dernier instant de vie.

Au paroxysme de la terreur, voilà que "Oh! Stupeur" ! Je me réveille et réalise enfin que ce n'était qu'un songe.

Un rêve, par bonheur, seulement un rêve.

Premier prix du concours "Rêve d'Italie"
Premier prix du concours "Rêve d'Italie"
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