Le temps
Le temps,
Comme une citerne vide,
Je le remplis, je le remplis
Je l’emploie full time
Je ne veux pas le perdre
Je ne veux pas le gaspiller
Et puis, brusquement, une faille, du temps pour rien, à ne rien faire, à regarder le temps se faire, à regarder chaque grain de sable qui tombe sur le grain qui vient de tomber, à regarder le temps qui meurt du seul fait d’avoir existé.
Et le vertige scrutant le fond du puits percé, le fond du temps perdu dans le creux de la faille
Alors vite, à cause de la peur de l’infini qui peut mourir, alors vite, je le remplis, le temps, je le remplis
Je ne veux pas le perdre
Je ne veux pas le gaspiller
Je veux le manger grain par grain
Le dévorer
Je veux même être gloutonne, goulue
Je veux m’en gaver, m’en repaître
Mais je reste toujours sur ma faim
Je n’en ai pas assez, de temps
Je n’arrive pas à l’étirer
Ni même à le faire durer
Alors j’ai peur de cette faille, du temps pour rien…
J’ai beau me dire qu’au bout du compte
Que vides ou remplis, tous les temps sont égaux
Les temps vides me terrifient (Ne les appelle-t-on pas ‘temps morts ?’), ils m’interrogent sur la vie et je n’y ai toujours rien compris alors je cours après le temps pour le remplir, pour le remplir.